Tout Jean-Louis Murat est là, dans ce disque qui a marqué la fin d'une longue traversée du désert (ou dans son cas des volcans d'Auvergne). Après trois albums rapidement tombés dans l'oubli et un semi-succès avec le single "Suicidez- vous, le peuple est mort", Murat a disparu pendant plusieurs années pour peaufiner un grand retour. Et c'est bien de ça qu'il s'agit : un classique, l'inauguration d'un nouveau style, celui d'un chanteur de charme, à la voix chaude, qui a assimilé l'exigence littéraire de Manset, les innovations techniques de la new wave, l'élégance distante d'un Bryan Ferry, la langueur bizarre d'un Robert Wyatt et quelques influences latines. "Si je devais manquer de toi", "Te garder près de moi", "Le Garçon qui maudit les filles", sont autant de tubes parfaits, avec des mélodies imparables et des paroles impeccables de simplicité et de classicisme. Les paroles sont décisives, car elles donnent une dignité à un genre qui en manque souvent chez nous : la chanson d'amour. L'univers de Murat qui mêle Tarkovski, John Ford et des racines auvergnates se chantonne, dans la rue ou sous la douche. Et c'est un plaisir. -- Hubert Deshouse